Page:Quincey - Souvenirs autobiographiques du mangeur d’opium, trad. Savine, 1903.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

dépend entièrement du genre de vie. Il est un petit nombre de vérités à ce sujet, et peu connues des hommes en général, qui pourraient accomplir une révolution dans le bien-être de l’espèce humaine. En effet, il est indéniable que l’état de santé dans la vie animale est la condition négative du bonheur ; en d’autres termes, si cette condition existe, elle n’aura pas comme résultat inévitable le bonheur, mais dès qu’elle n’est point réalisée, il est de toute nécessité que le bonheur fasse défaut.

Par contraste avec la rapacité connue et bien prouvée de l’armée française dans tous ses rangs, (sans en excepter ceux qui sont décorés de la Légion d’honneur), ces officiers-là en particulier étant d’une rigoureuse honnêteté, nous devons en conclure qu’ils avaient été choisis à raison de leurs qualités éprouvées d’abstinence et d’empire sur eux-mêmes. À propos de ce Ponson, le dernier dont il a été question, l’Évêque déclare « qu’il était d’une probité scrupuleuse, et que même il ne pouvait souffrir l’absence de cette qualité chez autrui, de sorte que sa patience dut être mise à une rude épreuve par ses alliés irlandais. » En même temps, il exprimait son mépris pour la religion, en termes tels que l’Évêque se croyait en droit de les attribuer à la vanité, « à la misérable affectation de se faire croire pire qu’il n’était réellement. »

Il y avait un autre officier nommé Truc, dont la brutalité faisait revivre à la mémoire l’impression désavantageuse à l’égard du républicanisme français, que les manières et la conduite de ses camarades avaient en partie affecté. Non seulement l’Évêque, mais encore tous ceux qui m’ont renseigné, et qui avaient familièrement connu cet