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DU MANGEUR D’OPIUM

possible avec quelle enfantine sottise la cause royale était défendue. Ces deux chefs coulèrent à fond en une heure, grâce à des surprises contre lesquelles ils avaient été l’un et l’autre amplement avertis. Par bonheur pour le gouvernement, les affaires des rebelles étaient encore plus mal dirigées. Après cet engagement, ils ne livrèrent que deux combats jusqu’à celui de Vinegar-Hill, qui décida de leur ruine et de leur échec définitif. Ces deux combats étaient de la plus grande importance pour leur cause, et, chaque fois, ils auraient été assurés du succès, s’ils avaient marché en avant au bon moment.

La première affaire fut l’attaque de Ross, entreprise le 29 mai, le lendemain de la prise d’Enniscorthy ; elle eût infailliblement réussi et eût ouvert immédiatement aux rebelles les importants comtés de Waterford et de Kilkenny. Ils attendirent jusqu’au 5 juin, et l’assaut fut repoussé avec des pertes énormes.

L’autre fut l’attaque d’Arklow, dans le nord. Si après la prise de Gorey, dans la nuit du 4 juin, prise qui avait été le résultat immédiat de la défaite du colonel Walpole, les rebelles avaient marché sans retard sur Arklow, ils l’auraient trouvée pendant plusieurs jours absolument sans défense. La garnison, frappée de panique, avait fui de grand matin, le 5 juin, à Wicklow. La prise de cette importante place aurait ouvert toute grande la route vers la capitale, aurait probablement déterminé une insurrection dans cette grande cité. En tout cas, elle eût prolongé indéfiniment la guerre et multiplié les embarras du gouvernement. La paresse, l’habitude de renvoyer au lendemain, furent les seules causes qui firent rester l’armée re-