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DU MANGEUR D’OPIUM

cette journée difficile. Mais il lui était impossible de regarder en face une responsabilité de quelque gravité.

Après leur défaite d’Arklow, les insurgés se retirèrent graduellement du 9 au 20 juin, vers leur position habituelle de Vinegar-Hill, qui se trouve immédiatement au-dessus d’Enniscorthy, et qui était tombée entre leurs mains, le 29 mai, après la prise de cette ville. Toutes leurs forces s’y concentrèrent, à l’exception de 6.000 hommes qui attaquèrent le général Moore, le 26, dans sa marche vers Wexford. Ce fut là que l’armée royale, forte de 13.000 hommes, avec une bonne artillerie, sous le commandement en chef du général Lake, convergea en quatre divisions séparées, vers les 19 et 20 juin. Le grand coup fut frappé le 21 juin. Dans le plan adopté l’armée royale, rayonnant de quatre directions différentes pour marcher à l’assaut de la position des insurgés, entourerait complètement leur camp et leur fermerait toute issue pour s’échapper. Le résultat de ce plan eût été de faire du champ de bataille une vaste scène de carnage, car on n’accordait pas de quartier. Mais la manœuvre, si même elle avait été sérieusement combinée, échoua entièrement par la faute du général Needham, qui n’arriva avec sa division que vers neuf heures, une bonne demi-heure après que la bataille fut terminée, et y gagna le sobriquet de the late general Needham[1]. La faute était-elle imputable à cet officier, ou ainsi que le prétendirent ses apologistes, était-elle due aux ordres peu intelligibles

  1. Il y a là un jeu de mot intraduisible, mais aisé à comprendre : le mot late signifie, suivant les circonstances, feu le général N. ou le général N. en retard. (Note du traducteur).