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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

refaites, d’après les principes de la science romaine. Aux lits de torrents, aux réseaux d’ornières, succédèrent de toutes parts des routes qui ressemblaient aux promenades sablées des parcs des particuliers ou des massifs. L’allure moyenne fut par suite portée juste au double. On faisait partout dix milles à l’heure au lieu de cinq. Et au moment même où tout perfectionnement ultérieur de ce système paraissait impossible à prévoir, une perspective, nouvelle nous fut soudain ouverte par les chemins de fer ; et sous ce rapport encore, quand on considère de combien ils ont dépassé le maximum prévu comme réalisable, et tel que le déterminèrent les ingénieurs pendant la construction des lignes de Manchester et de Liverpool, on peut s’attendre à voir naître des moyens de locomotion encore plus surprenants que nous ne sommes en état de l’imaginer. Il reste à mentionner un trait de raffinement, au point de vue du confort des voyageurs, dans lequel le progrès commença beaucoup plus tôt, et précéda même de dix bonnes années la construction des routes. Si luxueux que fût, en Angleterre, et à toutes les époques, l’art de voyager, après rétablissement des chaises de postes, il faut avouer qu’au point de vue de la propreté, on se montrait beaucoup moins attentif qu’au point de vue du bien-être du voyageur, on se montrait beaucoup moins prévoyant qu’on n’eût pu s’y attendre, d’après les habitudes générales du pays. Moi qui, à toutes les époques de ma vie, fus un grand voyageur, j’ai été témoin, des premiers pas et des premières luttes de cette révolution. Le Maréchal de Saxe disait qu’il ne manquait jamais de regarder sous