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DU MANGEUR D’OPIUM

existence durable comme monuments, et indépendante du flux et du reflux des caprices individuels, des accidents de la vie, parce que leur situation officielle, comme symboles de la grandeur nationale, les désigne à la bienfaisance testamentaire des citoyens patriotes. Ces établissements sont aussi un objet préféré à un autre point de vue : l’instinct de conservation des collectionneurs. Plusieurs collections considérables ont été léguées — au British Museum par exemple — non point surtout en tant qu’institution nationale, non point tant sous l’inspiration de sentiments patriotiques, mais plutôt parce qu’étant une institution nationale, elle était par là même durable, et qu’ainsi le résultat des pénibles travaux que comporte une collection, était assuré contre la dispersion. En dehors de toutes ces considérations, je désirerais ardemment, pour ma part, voir consacrer le surplus du budget national à la consécration de la science, en quelque sorte, par l’érection de temples en son honneur, alors même qu’ils ne répondraient à aucun but défini d’utilité. Je voudrais voir au culte religieux s’ajouter celui qu’on rendrait extérieurement à la science, culte qui l’embellirait, qui la recommanderait à la sympathie publique, qui la sanctifierait par l’art de la sculpture votive, qui donnerait à cette sympathie des objets réels, auxquels chaque siècle apporterait son tribut. Magnificabo apostolatum tuum, est une expression qui convient aux missionnaires et aux ministres de la science tout autant qu’aux ambassadeurs de la religion. Il est convenable que de somptueux monuments d’architecture, qu’une voix résonnant sans cesse aux oreilles des hommes, rendent hommage à une telle puissance, en