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DU MANGEUR D’OPIUM

champions humains. Ses armes sont les grandes vérités forgées de façon à suivre les formes mobiles de l’erreur. Ses arsenaux sont des amas accumulés et rangés dans les mémoires humaines, sa cohésion est faite de zèle humain, de discipline, de docilité enfantine, et tous ses triomphes, toutes ses pompes et ses gloires doivent être éternellement sous la dépendance du talent, de l’énergie dans la volonté, de l’harmonieuse coopération qu’apportent ses différents corps d’armée. Jusque-là selon moi, il n’y a rien qui nécessite l’intervention de l’architecte.

Appliquons tout cela à Oxford, Les quatre objets que se proposent ordinairement les fondateurs d’Universités, sont : 1° de trouver une réunion de places couvertes, de lieux d’assemblée ; 2° de trouver les instruments indispensables ou accessoires pour l’étude ; 3° d’assurer la succession des professeurs pour donner un enseignement ; 4° d’assurer l’application de leurs divers talents au profit du public. Sur ces quatre objets, les deux plus essentiels, n’ont pas besoin d’édifices ; quant aux deux autres, qui n’ont qu’une importance accessoire et relative à la commodité, ils ne demandent qu’une construction fort peu étendue. À quoi donc servent, à quoi sont bons les immenses édifices d’Oxford, ses palais, ses tours ? Ou tout cela est absolument superflu, n’est qu’une affaire d’ostentation, une preuve de richesse somptueuse, ou bien cela tend à un cinquième objet auquel les autres Universités n’ont pas seulement songé, et qui maintenant est passé pour elles à l’état de chimère absolument irréalisable. Autrefois nous entendions sans cesse attaquer la discipline d’Oxford, comme étant dirigée en vue des objets vraiment intellec-