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DU MANGEUR D’OPIUM

le père du jeune noble. Ses chefs suspendirent leur jugement, et finalement ils lui donnèrent à entendre qu’il était libre de quitter le collège et en même temps de se retirer de l’Université. Il le fit, mais son frère trouvant ce traitement trop sévère se retira aussi, et tous deux se transportèrent à Cambridge. On ne pouvait les en empêcher, mais ils y furent accueillis avec une froideur marquée. L’un d’eux, je crois, ne fut pas reçu, dans le sens officiel de ce mot ; quant à l’autre, il ne fut admis que conditionnellement, et on exigea de lui, pour sa conduite future, des engagements de nature à montrer amplement, et à faire connaître de tous, que la discipline entendait revendiquer ses droits, et que dans un cas aussi extrême, si extraordinaire même, qu’on ne pouvait admettre qu’il se représenterait, il fallait que chacun comprît sur quel pied les gens du plus haut rang étaient reçus dans les Universités anglaises. Ce traitement est-il particulier à celles-ci ? Je suis disposé à croire qu’il n’en est pas ainsi, et en ce qui concerne celles d’Édimbourg et de Glasgow, je suis convaincu que leur dignité est d’assez grand poids, et qu’elles en useraient pour s’assurer la subordination des gens de haut rang, si jamais les circonstances amenaient dans leur enceinte un certain nombre de gens de cette classe, et si leur discipline pouvait s’appliquer également aux habitudes d’étudiants qui ne sont point logés dans leur enceinte. Mais pour les institutions moins importantes qui sont comprises dans le rayon d’action des dissenters, je puis affirmer avec pleine certitude, d’après le sens des anecdotes qui me sont parvenues, qu’elles ne possèdent point l’auctoritas nécessaire pour maintenir toute leur dignité.