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DU MANGEUR D’OPIUM

l’été et l’automne suivants. Cette invitation fut réitérée par son tuteur, et ma mère, après y avoir réfléchi, me permit de l’accepter.

En conséquence, au printemps de 1800, je me rendis à Eton pour y retrouver mon ami. Là, je visitai maintes fois les jardins de la villa de la reine à Frogmore. Grâce à la présentation de mon jeune ami, j’eus l’occasion de voir et d’entendre la reine et toutes les princesses, ce qui à cette époque était dans ma vie une nouveauté à laquelle j’attachais un grand prix. La mère de mon ami, avant son mariage, avait été Lady Louisa II —, et intimement connus à la famille royale, qui, en faveur de ce souvenir, s’occupait continuellement et spécialement de son fils.

En une de ces occasions, j’eus l’honneur d’une brève entrevue avec le roi.

Madame de Campan raconte un incident amusant de sa jeunesse, qui lui causa alors bien de l’épouvante, et qui la couvrit de confusion. Peu de temps après qu’elle fut installée à Versailles, au service de l’une des filles de Louis XV, et n’ayant jamais vu le roi, elle se trouva un jour brusquement en sa présence dans les circonstances suivantes. C’était le matin. La jeune dame n’avait pas quinze ans. Elle avait toute la vivacité d’un faon au mois de mai. Son tour de service n’était pas encore venu ou était passé, et comme elle se trouvait seule dans une vaste pièce, pouvait elle rien faire de mieux que de se livrer à un exercice familier aux jeunes dames d’Angleterre et de France, qui, dans les deux pays s’appelle faire des fromages, et consiste à pirouetter jusqu’à ce que le jupon soit gonflé comme un ballon, et alors à faire une révérence. Mademoiselle se relevait solennel-