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L’EAU



Pas de nom fabuleux et doux qui le désigne ;
Nulle Léda de bronze aux caresses du cygne
N’offre sa chair divine à qui s’unit un dieu ;
Nul Dauphin ne se joue et prélude au milieu
De son onde à jamais intacte et solitaire
Qui, égale toujours au marbre qui l’enserre,
S’arrondit et miroite en un cercle fermé.
Mes soirs silencieux ont longuement aimé
Ce bassin singulier, sans vasque, ni fontaine,
Où pas même ne semble une face incertaine
Apparaître, indécise et mystérieuse, au
Liquide et noir airain de sa médaille d’eau.