Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/112

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qu’une goutte d’eau tombast des verres. Puis dist, ien sçay bien d’aultres, allons seulement en asseurance.

Comment Pantagruel eut victoire bien estrangement des Dipsodes, et des geans. xxxxx Cha. xviii

Vignette 112
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PRES tous ces propos Pantagruel appella leur prisonnier et le renvoya, disant. Va t’en à ton roy en son camp, et luy dys nouvelles de ce que tu as veu, et qu’il delibere de me festoyer demain sur le midy : car incontinent que mes galleres seront venues, qui sera de matin au plus tard. Ie luy prouveray par dix huyct cens mille combatans et sept mille geans tous plus plus grans que tu ne me veoys, qu’il a faict follement et contre raison de affaiblir ainsi mon pays. En quoy faingnoit Pantagruel qu’il eust son armée sur mer. Mais le prisonnier respondit qu’il se rendoit son esclave et qu’il estoit content de iamais ne retourner à ses gens, mais plus tost combatre avecques Pantagruel contre eulx, et pour dieu qu’ainsi le permist. A quoy Pantagruel ne voulut consentir, ains luy commanda que partist de là briesvement et allast ainsi qu’il avoit dist : et luy bailla une boette pleine de euphorbe et de grains de coccognide, luy commandant la porter à son roy et luy dire que s’il en povoit manger une once sans boire, qu’il pourroit à luy resister sans peur. Adonc le prisonnier le supplya à ioinctes mains qu’à l’heure de la bataille il eust de luy pitié, dont luy dist Pantagruel. Apres que tu auras annoncé à ton roy, Ie ne te dys pas comme les caphars Ayde toy dieu te aydera : car c’est au rebours ayde toi, le diable te rompra le col. Mais ie te dys, metz tout ton espoir en dieu, et il ne te delaissera point. Car de moy encores que soye puissant