Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/121

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tira Mais les geans en estoient ayses comme s’ilz feussent de nopces. Lors Carpalim se voulut lever de là pour secourir son maistre : mais ung geant luy dist. Par Goulfarin nepveu de Mahon, si tu bouges d’icy ie te mettray au fons de mes chausses comme on faict d’ung suppositoire, aussi bien suis ie constipé du ventre, et ne peulx gueres cagar : sinon à force de grincer des dentz. Puis Pantagruel ainsi destitué de baston, reprint le bout de son mast, en frappant torche lorgne, dessus le geant, mais il ne luy faisait mal en plus que feriez baillant une chiquenaude sus ung mail de forgeron : et ce pendant Loupgarou tiroit de terre sa masse et l’avoit ià tirée et la paroit pour en ferir Pantagruel : mais Pantagruel qui estoit soubdain au remuement declinoit tous les coups, iusques à ce qu’une foys voyant que Loupgarou le menassoyt, disant. Meschant à ceste heure te hascheray ie comme chair à patez. Iamais tu ne altereras les pouvres gens, luy frappa du pied ung grand coup contre le ventre, qu’il le getta en arriere à iambes redindaines, et vous le trainoit ainsi à l’escorche cul plus d’ung trait d’arc. Et Loupgarou s’escryoit rendant le sang par la gorge, Mahon, Mahon, Mahon. À laquelle voix se leverent tous les geans pour le secourir. Mais Panurge leur dist, Messieurs n’y allez pas si m’en croyez : car nostre maistre est fol et frappe à tors et à travers, et ne regarde point où, il vous donnera malencontre. Mais les geans n’en tindrent contre, voyans que Pantagruel estoit sans baston : et comme ilz approchoient, Pantagruel print Loupgarou par les deux pieds, et du corps de Loupgarou armé d’enclumes frappoit parmy ces geans armez de pierres de taille, et les abattoit comme ung maçon