Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/21

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dedans les puys, daultres se mettoient au ventre dune vache pour estre à lumbre : et les appelle Homere Alibantes. Toute la contree estoit à lancre : cestoit pitoyable de veoir le travail des humains pour se guarantir de ceste horrificque alteration. Car il y avoit prou affaire de saulver leau benoiste par les esglises quelle ne feust desconfite : mais lon y donna tel ordre par le conseil de messieurs les cardinaulx et du sainct pere, que nul nen osoit prendre quune venue : Encores quand quelquung entroit en lesglise, vous en eussiez veu a vingtaines de pauvres alterez qui venoient au derriere de celluy qui la distribuoit a quelquung la gueulle ouverte pour en avoir quelque petite goutelette : comme le maulvais Riche, affin que rien ne se perdit. O que bienheureux fut en ceste annee celuy qui eut cave fraische et bien garnie.

Le philosophe racompte en mouvant la question, pourquoy cest que leau de la mer est sallee ? quau temps que Phebus bailla le gouvernement de son chariot lucificque à son fils Phaeton : Ledict Phaeton mal apris en lart, et ne scavant ensuyvre la ligne eclipticque entre les deux tropicques de la sphere du Soleil, varia de son chemin : et tant approcha de la terre, quil mist a sec toutes les contrees subiacentes, bruslant une grande partie du ciel, que les philosophes appellent via lactea : et les Lifrelofres nomment le chemin sainct Jacques. Adonc la terre fut tant eschauffee, quil luy vint une sueur enorme, dont elle sua toute la mer, que par ce est sallee : car toute sueur est sallee, ce que vous direz estre vray si voulez taster de la vostre propre : ou bien de celle des verollez quand on les faict suer, ce me est tout ung. Quasi pareil cas arriva en ceste dicte annee : Car