Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/65

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iamais ainsi, mais bien te blesseras quelque hurte, dont tu languiras toute ta vie entre les mains des barbiers : mais si tu veulx ie te tueray icy tout franc en sorte que tu nen sentiras rien, et men croys : car ien ay tue bien daultres qui sen sont bien trouvez. Ha mon amy (dist il) ie ten prie, et ce faisant ie te donne ma bougette, tien voyla, il y a six cens seraph dedans, et quelques dyamens et rubys en perfection. Et ou sont ilz ? dist Epistemon. Par sainct Iehan, dist Panurge, ilz sont bien loin silz sont tousiours. Acheve, dist Pantagruel, ie te pry que nous saichons comment tu acoustras ton Baschaz. Foy dhomme de bien, dist Panurge, ie nen mens de mot. Ie le bende dune meschante braye que ie trouve la demy bruslee, et vous le lye rustrement pieds et mains de mes cordes, si bien quil neust sceu regimber : puis luy passe ma broche a travers la gargamelle, et aussi le pendys acrochant la broche a deux gros crampons, qui soustenoient des alebardes. Et vous atise ung beau feu au dessoubz et vous flamboys mon milourt comme on faict des harans soretz a la cheminee, puis prenant sa bougette et ung petit iavelot qui estoit sur les crampons men fuys le beau galot. Et dieu scait comme ie sentoys mon espaule de mouton. Quand ie fuz descendu en la rue, ie trouvay tout le monde qui estoit acouru au feu a force deau pour lestaindre. Et me voyans ainsi a demy rousti eurent pitie de moy naturellement, et me getterent toute leur eau sur moy, et me refraischirent ioyeusement, ce que me feist fort grand bien, puis me donnerent quelque peu a repaistre, mais ie ne mangeoys gueres : car ilz ne me bailloient que de leau a boire a leur mode. Et aultre mal ne me firent. Sinon ung villain