Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/78

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l’aultre six vingtz, à l’aultre troys cens, selon qu’elles estoient bien infames, detestables, et abhominables : car d’autant qu’elles estoient plus horribles et execrables, d’autant il leur failloit donner davantaige, aultrement le diable ne les eust pas voulu besoigner. Incontinent ie m’en alloys à quelque porteur de coustretz gros et gras, et faysois moy mesmes le mariage, mais premier que luy monstrer les vieilles, ie luy monstroys les escuz, disant. Compere, voicy qui est à toy, si tu veulx fretinfretailler ung bon coup. Des lors les pouvres hayres arressoient comme vieulx mulletz, et ainsi leur faisoys bien aprester et bancqueter, et boire du meilleur et force espiceryes pour mettre les vieilles en appetit et en chaleur. Fin de compte ilz besoignoient comme toutes bonnes ames, sinon que à celles qui estoient horriblement villaines et defaictes, ie leur faisoys mettre ung sac sur le visaige. Davantaige ien ay perdu beaucoup en proces. Et quelz proces as tu peu avoir ? disoys ie, tu ne as ny terre ny maison. Mon amy (dist il) les damoiselles de ceste ville avoient trouvé par instigation de diable d’enfer, une maniere de colletz ou cachecoulx à la haulte façon, qui leur cachoient si bien les seins, que l’on n’y povoit plus mettre la main par dessoubz : car la fente d’iceulx elles avoient mise par derriere, et estoient tous clos par devant, dont les pouvres amans dolens contemplatifs n’estoient pas bien contens, ung beau iour de Mardy ien presentay resqueste à la court, me formant partye contre lesdictes damoyselles et remonstrant les grans interestz que ie pretendoys protestant que à mesme raison ie feroys coudre la braguette de mes chausses au derriere, si la court n’y donnoit ordre, somme toute les damoiselles formerent syndicat