Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/80

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montouer qu’elle ne tient que à ung fillet. Et quand le gros enflé de Conseillier ou aultre a prins son bransle pour monter sus, ilz tombent tous platz comme porcs devant tout le monde : et aprestent à rire pour plus de cent frans. Mais ie me rys encores davantaige, c’est que eulx arrivez au logis ilz font foueter monsieur du page comme seigle vert, par ainsi ie ne plains point ce que m’avoit cousté à les bancqueter. Fin de compte il avoit (comme ay dit dessus) soixante et troys manieres de recouvrer argent : mais il en avoit deux cens quatorze de le despendre, hors mis la reparation de dessoubz le nez.

Comment ung grand clerc de Angleterre vouloit arguer contre Pantagruel, et fut vaincu par Panurge. xxxxx Cha. xiii

Vignette 80
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N ces mesmes iours ung grandissime clerc nommé Thaumaste ouyant le bruyt et renommée du sçavoir incomparable de Pantagruel vint du pays de Angleterre en ceste seule intention de veoir icelluy Pantagruel et le congnoistre, et esprouver si tel estoit son sçavoir comme en estoit la renommée. Et de faict arrivé à Paris se transporta vers l’hostel dudict Pantagruel qui estoit logé à l’hostel sainct Denys, et pour lors se pourmenoit par le iardin avecques Panurge, philosophant à la mode des Peripateticques. Et de premiere entrée le voyant tressaillit tout de peur, le voyant si grand et si gros : puis le salua, comme est la façon, courtoysement luy disant. Bien vray est il ce que dit Platon le prince des philosophes, que si l’ymage de science et sapience estoit corporelle et spectable es yeulx des humains, elle exciteroit tout le monde en admiration de foy. Car seulement le bruyt d’icelle espandu par