Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/87

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nurge soubdain mist le poulce de la main dextre soubz les mandibules, et le doigt auriculaire d’icelle en la boucle de la main gauche, et en ce point faisoit sonner les dentz bien melodieusement les basses contre les haultes. Dont Thaumaste de grand ahan se leva, mais en se levant il fist ung gros pet de boulangier : car le bran vint apres, et puoit comme tous les diables, et les assistans commencerent à se estouper les nez : car il se conchioit de angustie, puis leva la main dextre la clouant en telle façon, qu’il assembloit les boutz de tous les doigts ensemble, et la main gauche assist toute plaine sur la poictrine. À quoy Panurge tira la longue braguette avecques son floc, qu’il estendit d’une couldé et demie, et la tenoit en l’air de la main gauche, et de la dextre print la pomme d’orange, et la gettant en l’air par sept foys, la huytieme la cacha au poing de la main dextre, la tenant en hault tout coy, et puis commença à secouer sa belle braguette, en la monstrant à Thaumaste. Apres cella Thaumaste commença à enfler les deux ioues comme ung cornemuseur et souffler, comme s’il enfloit une vessie de porc. À quoy Panurge mist ung doigt de la gauche au trou du cul, et de la bouche tiroit l’air comme quand on mangeve des huytres en escalle, ou quand l’on hume sa souppe, et ce faict ouvre quelque peu la bouche, et avecques le plat de la main dextre en frappoit dessus, faisant en ce ung gran son et parfond, comme s’il tenoit de la superficie du diaphragme par la trachée artere : et le feit par seize foys. Mais Thaumaste, souffloit tousiours comme une oye. Adoncques Panurge mist le doigt indice de la dextre dedans la bouche, le ferrant bien fort avecques les muscles de la bouche, et