Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les paysans de ces heureux climats, quand leur travail étoit fini, venoient souvent, sur le soir, danser en groupes sur le bord de la rivière. Les sons animés de leur musique, la vivacité de leurs pas, la gaîté de leur maintien, le goût et le caprice des jeunes filles dans leur ajustement, donnoient à toute la scène un caractère vraiment français.

Le front du château, du côté du midi, faisoit face aux montagnes. Au rez-de-chaussée, étoient une grande salle et deux salons commodes. L’étage supérieur, car il n’y en avoit qu’un, étoit distribué en chambres à coucher, sauf une seule pièce, qu’ornoit un grand balcon, et où se faisoit ordinairement le déjeuner.

Dans l’arrangement des dehors, l’attachement de Saint-Aubert pour les théâtres de son enfance, avoit quelquefois sacrifié le goût au sentiment. Deux vieux mélèses ombrageoient le bâtiment et coupoient la vue ; mais Saint-Aubert disoit quelquefois que s’il les voyoit périr, il auroit peut-être la foiblesse d’en pleurer. Il planta près de ces mélèses un petit bosquet de hêtres, de pins et de frênes de montagne. Sur une haute terrasse, au-dessus de la rivière, étoient plusieurs orangers, et citronniers,