Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/22

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Emilie ressembloit à sa mère. Elle avoit sa taille élégante, ses traits délicats ; elle avoit comme elle des yeux bleus, tendres et doux ; mais quelque beaux que fussent ses traits ; c’étoit sur-tout l’expression de sa physionomie, mobile comme les objets dont elle étoit affectée, qui donnoit à sa figure un charme irrésistible.

Saint-Aubert cultiva son esprit avec un extrême soin. Il lui donna un apperçu des sciences, et une exacte connoissance de la meilleure littérature. Il lui montra le latin et l’italien, désirant sur-tout qu’elle pût lire les poëmes sublimes écrits dans ces deux langues. Elle annonça, dès les premières années, un goût décidé pour les ouvrages de génie, et c’étoit un principe pour Saint-Aubert de multiplier ses moyens de jouissances. Un esprit cultivé, disoit-il, est le meilleur préservatif contre la contagion des folies et du vice. Un esprit vide a toujours besoin d’amusemens, et se plonge dans l’erreur pour éviter l’ennui. Le mouvement des idées fait de la réflexion une source de plaisirs, et les observations fournies par le monde lui-même compensent les dangers des tentations qu’il offre. La méditation et l’étude sont nécessaires au bonheur, soit à la campagne, soit à la ville. À la campagne,