Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/224

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taine du flambeau, vit près d’elle une double grille, et plus loin sous la voûte plusieurs monceaux de terre qui paroissoient entourer un tombeau ouvert. Un tel objet, dans un tel lieu, l’eût en tout temps violemment affectée ; mais en ce moment elle eut le pressentiment subit que ce tombeau étoit celui de sa tante, et que le perfide Bernardin la menoit aussi à la mort. Le lieu obscur et terrible dans lequel il l’avoit conduite sembloit justifier sa pensée. Il sembloit tout propre au crime ; et l’on pouvoit y consommer un assassinat, sans qu’aucun indice pût le faire découvrir. Emilie vaincue par la terreur, ne savoit à quoi se résoudre. Elle songeoit que vainement elle essaieroit de fuir Bernardin. La longueur, les détours du chemin ne lui permettoient pas de s’échapper sans guide, et sa foiblesse d’ailleurs ne lui permettoit pas de courir. Elle craignoit de l’irriter en lui laissant voir ses soupçons, ce qui ne manquèroit pas d’arriver, si elle refusait de le suivre. Elle étoit déjà en son pouvoir autant qu’elle pouvoit y tomber. Elle se décida à dissimuler, autant qu’il lui seroit possible, jusqu’aux apparences de l’effroi, et à le suivre en silence par-tout où il voudroit aller. Pâle d’horreur et d’inquiétude, elle attendoit