Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/227

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vit mieux l’affreuse figure de Bernardin, la tristesse du lieu où elle étoit, des murailles de pierres brutes, un escalier tournant, noirci de vétusté, et quelques restes d’antiques armures qui sembloient le trophée de quelque ancienne victoire.

Parvenus au pallier, Bernardin mit une clef dans la serrure d’une chambre. Vous pouvez, lui dit-il, entrer ici et m’y attendre ; je vais dire à la signora que vous êtes arrivée.

Le préliminaire est inutile, dit Emilie ; ma tante sera bien aise de me voir.

Je n’en suis pas bien sûr, dit Bernardin, en lui montrant la chambre. Entrez là, mademoiselle, et je m’en vais monter.

Emilie fort surprise, et en quelque sorte offensée, n’osa pas résister ; mais comme il emportoit la torche, elle le pria de ne la point laisser dans cette obscurité. Il regarda autour de lui, et remarquant une triple lampe posée au-dessus de l’escalier ; il l’alluma et la donna à Emilie.

Elle entra dans une vieille chambre, il en ferma la porte : elle écouta attentivement, et elle pensa qu’au lieu de monter, il descendoit l’escalier ; mais les tourbillons de vent qui s’engouffroient sous le portail, ne lui permettoient pas de bien distinguer