Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/233

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nette ; elle distingua bientôt Montoni et Cavigni, suivis d’un détachement de leurs soldats. Elle ne les voyoit pas alors avec terreur, mais avec espérance, et ne pensait plus aux dangers du château, dont récemment elle avoit tant désiré de fuir. Ceux qui la menaçoient avoient absorbé toutes ses craintes.

Après un léger combat, Montoni et son parti remportèrent la victoire. Les cavaliers, se voyant moins nombreux, et d’ailleurs peu zélés peut-être pour l’entreprise dont ils étoient chargés, se sauvèrent au galop. Bernardin disparut à l’aide de l’obscurité, et Emilie fut reconduite au château. En repassant les cours, le souvenir de ce qu’elle avoit vu dans la chambre du portail revint à son esprit avec toute son horreur ; et quand, bientôt après elle eut entendu retomber la herse qui l’enfermoit encore dans ces murs formidables, elle frémit pour elle-même ; et oubliant presque le danger nouveau auquel elle échappoit, elle eut peine à concevoir que la vie et la liberté ne se trouvassent pas au-delà de ces barrières.

Montoni ordonna qu’Emilie l’attendît dans le salon de cèdre. Il s’y rendit lui-même, et la questionna avec beaucoup de sévérité sur ce mystérieux événement. Quoi-