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lement à ses repas. Sa douce physionomie, ses manières intéressantes consoloient Emilie, mieux que depuis plusieurs mois elle ne l’avoit été. Elle aimoit sa chambre, qui sembloit tenir au berceau ; elle commençoit à y goûter ce sentiment de sécurité qui nous attache naturellement à notre demeure. Pendant cet intervalle aussi, son esprit n’ayant reçu aucune secousse nouvelle de douleur ou de crainte, elle reprit assez de force pour jouir de ses lectures. Elle retrouva quelques esquisses, quelques feuilles de papier blanc, ses crayons, et se sentit en état de s’amuser, en choisissant quelques parties de l’agréable perspective qu’elle avoit sous les yeux. Elle en faisoit des tableaux auxquels son goût naturel donnoit une extrême grâce. Elle y plaçoit ordinairement des groupes qui caractérisoient la scène, et indiquoient quelque simple et touchante aventure. Pendant qu’une larme de ses yeux mouilloit cette expression de douleur imaginaire, elle oublioit ses souffrances réelles. Elle laissoit écouler les heures trop lentes de son malheur, et attendoit avec une douce patience les événemens de l’avenir.

Une belle soirée, à la suite d’un jour fort chaud, engagea enfin Emilie à essayer d’une promenade, quoique Bertrand dût l’y ac-