Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/151

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— Mais ils parloient des nymphes de la mer, dit Emilie. D’où ces bonnes gens connoissent-ils cela ?

— Oh ! signora, dit Maddelina, qui n’entendoit pas bien le sujet de la surprise d’Emilie, personne ne croit à ces choses-là. Nos vieilles chansons en parlent, dans nos jeux nous les répétons, et nous jetons des fleurs dans la mer.

Emilie dès l’enfance avoit appris à révérer Florence comme le siège de la littérature et des beaux-arts ; mais ce goût des histoires classiques, trouvé parmi les paysans, occasionnoit en elle autant de surprise que d’admiration. L’air arcadien de ces jeunes filles contribuoit encore à l’étonner. Leur vêtement étoit un jupon court d’un joli vert, bordé d’un ruban blanc ; leurs corsets sans manches étoient rattachés aux épaules avec des fleurs ou des nœuds de rubans ; leurs cheveux flottant en grosses boucles, étoient parsemés de fleurs ; un petit chapeau de paille derrière la tête, et mis un peu de côté, donnoit à tout l’ensemble un air de gaîté et de finesse. Lorsque la chanson fut finie, plusieurs de ces bergères s’approchèrent d’Emilie, la firent asseoir au milieu d’elles, et lui offrirent, ainsi qu’à