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CHAPITRE II.

Le jour suivant Montoni envoya une seconde excuse à Emilie, qui en fut très-surprise. Cela est étrange, disoit-elle ; sa conscience lui apprend l’objet de ma visite, et il diffère une telle explication. Elle avoit grande envie de se trouver sur son chemin, mais la terreur l’en empêcha. Ce jour se passa comme le précédent ; seulement une inquiétude involontaire, au sujet de la nuit prochaine, troubloit, par intervalle, le tranquille abattement où elle étoit plongée.

Vers le soir, une des bandes qui avoit fait la première excursion des montagnes, revint dans le château : de sa chambre écartée, Emilie entendit leurs cris bruyans, leurs chants de victoire, tels que les orgies des furies après un affreux sacrifice ; elle craignoit même qu’ils ne se disposassent à quelqu’acte barbare. Annette pourtant la soulagea bientôt de cette idée, en lui disant qu’on se réjouissoit à la vue d’un immense butin. Cette circonstance la confirma dans l’opinion où elle étoit que Montoni étoit bien réellement capitaine de bandits, et se proposoit de rétablir sa for-