Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/31

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les soldats se parler à l’oreille. Emilie rentroit dans sa chambre quand ils passoient sous sa fenêtre ; elle y revenoit quand tout étoit tranquille. Il étoit alors très-tard ; elle étoit fatiguée de veiller. Elle commença à former quelque doute sur la réalité de la précédente vision. Elle restoit pourtant à rêver ; et son esprit étoit trop agité pour se livrer un moment au sommeil. La lune, tout à coup dégagée, laissa voir en plein la terrasse. Emilie n’aperçut qu’une sentinelle solitaire qui se promenoit à l’autre extrémité. Lasse de veiller ainsi, elle alla chercher du repos.

Telle étoit néanmoins l’impression qu’elle avoit reçue, et de la musique, et des lamentations, et de la figure qu’elle croyoit avoir vue, qu’elle se détermina à tenter une nouvelle épreuve.

Montoni, le jour suivant, ne parut pas songer à la conversation qu’Emilie lui avoit demandée. Plus empressée que jamais de le voir, elle fit demander par Annette à quelle heure il pourroit la recevoir. Il indiqua onze heures. Emilie fut ponctuelle, et rappela son courage pour supporter le choc de sa présence et des souvenirs qu’elle amèneroit. Il étoit au salon de cèdre, entouré d’officiers. Elle garda un profond silence ; son