Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/34

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et elle n’osoit avouer qu’elle avoit vu dans la chambre du portail l’affreux spectacle qui le lui avoit appris.

— Qui vous l’a dit ? répéta Montoni avec une sévérité plus imposante.

— Hélas ! je le sais trop bien, dit Emilie ; épargnez-moi sur ce sujet terrible.

Elle s’assit sur un banc, pour pouvoir se soutenir.

— Si vous désirez la voir, dit Montoni, vous le pouvez ; elle est dans la tour de l’orient.

Il la quitta sans attendre de réponse, et rentra au salon de cèdre. Plusieurs des chevaliers qui n’avoient point encore vu Emilie, commencèrent à le railler sur une telle découverte ; mais Montoni ne souriant point à cette gaîté, ils changèrent de conversation.

Il entretint le subtil Orsino d’un plan d’excursion médité pour le lendemain. Son ami conseilla qu’on attendît l’ennemi. Verezzi le contredit avec son impétuosité ordinaire. Il taxa Orsino d’un défaut de courage, et jura que, si Montoni vouloit lui donner cinquante hommes, il vaincroit aisément tout ce qui s’opposeroit à lui.

Orsino sourit de dédain. Montoni sourioit aussi ; mais cependant il écoutoit.