Page:Rambert - Études littéraires, t2, 1890.djvu/302

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corruptions qui peuvent être imputées à un pape ou à quelque dignitaire de l’église y sont enregistrées avec une froide ironie. Les reformateurs ne sont guère mieux traités que les papes, quoique l’auteur reconnaisse que les hérésies ont au moins le mérite de supposer un travail intellectuel quelconque. On ne voit nulle part dans ce récit, à la fois detaillé et succinct, la trace d’un service rendu par l’église, et l’on arrive au bout sans même se douter que le christianisme a entretenu dans le monde, pendant dix-huit siècles, une prédication de support, de résignation, de charité, qui ne peut pas cependant avoir toujours été hypocrite et inefficace. C’est la chronique scandaleuse de l’église, tendant à montrer que l’histoire du christianisme n’est qu’une plate comédie, qui devrait pourtant bien finir une fois : tout s’y passe comme au théâtre, entre dupes et fripons. Vous pensez, peut-être, qu’après avoir ainsi bafoué l’institution chrétienne, Leconte de Lisle va déverser l’ironie sur celui qui en a été le fondateur. Pas du tout. Il fait une exacte distinction entre le christianisme et Jésus-Christ. Si pitoyables que soient les disciples qui ont recueilli son héritage et continué son œuvre, Jésus-Christ n’en reste pas moins une des grandes et touchantes figures de l’histoire ; c’est une de ces antiquités vénérables, un de ces types primitifs dont la place est reservée dans le Panthéon de la beauté. Leconte de Lisle le celèbre à sa ma-