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INTRODUCTION


Les sots, qui occupent une si grande place dans notre ancien théâtre, tirent évidemment leur origine des réjouissances de carnaval, des fêtes grotesques si fort en honneur au moyen âge. Pendant des siècles, la liberté de la parole n’exista que sous le masque de la folie ; mais, sous ce masque, on peut dire qu’elle fut complète : les cérémonies de l’Église purent être impunément parodiées le jour des Innocents ; les fous jouirent du privilège de faire entendre la vérité aux rois ; enfin la sottie transporta sur la scène la satire dirigée contre les diverses classes de la société. Ce caractère satirique, qui permet de considérer la sottie comme un de nos genres dramatiques les plus anciens, est bien défini par Jehan Bouchet dans une de ses Epistres morales. Après avoir parlé de la satire en général, le poète ajoute :

En France elle a de sotie le nom,
Parce que sotz des gens de grand renom