Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/101

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rien entendre de ce qu’elle va lui dire, c’est que, pour l’instant, il n’a pas le moindre souci de toutes les Dianes de la terre, est tout entier à l’unique désir de certain jeune garçon dont le corps mériterait qu’il le suivît au bout du monde, qu’il va tâcher, en attendant, de savoir dans quel café il fréquente, et que, bien entendu, il la laisse, elle, Diane, sa vertu et sa boîte à dessin, sur le bord du trottoir qu’elle n’aura qu’à suivre, pour rentrer chez cette chère Mme Blok, sa mère, auprès de qui mieux vaut que dorénavant elle demeure plutôt que de courir les ateliers, les soirées où ne la mènent ni l’amour de la peinture ni le goût de la danse mais le simple besoin d’empêcher Pierre d’avoir les aventures qui sont de sa destinée.

Ainsi Diane qu’il se reprochait, la minute antérieure, de maltraiter devient soudain l’accusée. Toujours la même histoire : tendresse tant qu’il aura besoin d’elle, et indifférence, mépris injuste dès qu’elle ne lui sera plus nécessaire ?

Pour l’instant, il se croit irréprochable et n’en veut plus qu’à la jeune fille dont il pense qu’elle cherche à se faire épouser et s’il se rend là où il espère retrouver le jeune homme à la jambe fine, aux reins étroits, au torse parfait, c’est moins, en est-il venu à s’affirmer, pour satisfaire un désir qu’il n’estime pas que pour se venger de Diane dont la présence le condamne