Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/115

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comme de la peau d’un chat l’électricité. Félin flottant dans un veston sac, félin aux larges souliers — les Français, dit-il, aiment les chaussures et non les pieds, les habits et non le corps, et c’est pourquoi ils font si étroites leurs maisons d’étoffe et de cuir — Arthur, noyé dans son raglan, à chacun de ses gestes, fait moins songer à tout ce que son élasticité sous-entend d’étude qu’aux instincts mêmes qui décidèrent de cette étude. Pierre, souvent, à le regarder marcher s’est dit que les possibilités cruelles, sauvages demeurent toujours identiques à elles-mêmes dans la danse d’une panthère.

Diane, qui préfère les chiens aux chats, même s’il n’y avait pas d’elle à Bruggle cette jalousie qu’elle sent d’ailleurs trop précisément pour en subir tous les effets, Diane, par nature, a de l’aversion pour Bruggle. Compatissante comme elle l’est, désireuse par-dessus tout de libérer Pierre des fantômes de Ratapoilopolis dont elle sait que Mme Dumont-Dufour lance contre lui la meute, elle ne peut supporter par exemple qu’Arthur, épris de soi et doué d’une coquetterie à la fois trop subtile et trop exigeante pour n’être pas d’une chasteté au moins relative, traite Pierre avec mépris, parce que la peur de l’insomnie et de l’obscurité solitaire le contraignent à des aventures dont il tire plus de remords ou de dégoût que de plaisir.

Elle sait, et elle souffre assez de savoir qu’il ne