Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/116

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trouvera jamais un asile sûr dans les bras frais des femmes et, pour excuser et peut-être aussi pour ne point s’aigrir du rôle de sœur dont il lui faut bien se contenter, elle se dit qu’il est le premier à être malheureux de sa vie et de celle qu’il lui fait et, pense-t-elle, s’il n’avait pas été privé de cette bonne grosse santé qui lui a permis à elle, Diane, de supporter, sans émotion définitive, les discours de Mme  Blok, sur le suicide de M. Blok, Pierre n’errerait pas à l’aventure.

À l’aventure. Car il ne sait où il va, dès qu’il n’est plus immobile et silencieux, sur une chaise, à se torturer au plus profond, sous le regard de Mme  Dumont-Dufour obstinée dans son besoin de vengeance.

Le besoin de vengeance de Mme  Dumont-Dufour.

Pierre est las.

Il sent que dans ce duel, toutes forces vont être gâchées.

Pourquoi n’a-t-il jamais eu le courage de partir ? S’il se suffisait à lui-même, au moins. Mais il a besoin des autres et Arthur n’est pas un refuge. Pour Diane, ne s’est-il pas déjà répété cent fois depuis une heure qu’il ne saurait vivre près d’elle.

Qui alors ?

— Personne.

Pierre a mal à la tête. La nuit est tombée. Mme  Dumont-Dufour fait de la lumière et interroge, la voix sèche :