Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/123

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il est la chose, pas même la créature. Comme un visa obligatoire toujours il quête son assentiment mais ne se reconnaît aucun droit en échange et n’oserait, par exemple, se rendre chez lui sans y avoir été prié. Or des amoindrissements, des entraves que peut lui valoir sa soumission, encore il se réjouit et, tandis qu’il répète un nom de bataille et des chiffres, il se loue de craindre Bruggle et de le craindre assez pour n’avoir point été tenté de faire un chemin qui lui eût paru interminable. Et non seulement il se confie à l’homme, mais à tout ce qui (êtres ou objets) peut l’en rapprocher. Il a cherché par exemple pour la téléphoniste les mots les plus doux. À noter d’ailleurs qu’elle a voulu voir de l’ironie et rien que l’ironie dans la soumission de Pierre et cette ferveur du dévot pas très sûr de soi qui a recours aux saints et bienheureux intermédiaires. En réponse, il a reçu un petit rire sec. Deux gouttes glacées sur sa fièvre. Ses yeux alors se sont ouverts, ont cherché des objets consolants, n’ont rien trouvé d’abord dans l’obscurité d’une petite boîte où n’avait pas été faite la lumière, mais peu à peu se sont habitués à l’ombre et, soudain, des éraflures sur un mauvais papier ont su composer un dessin où transparaissait le visage de Diane. Le visage de Diane. Celui des jours où, par la grâce de sa tendresse, l’apaisement en lui descendu, Pierre lui a laissé deviner qu’elle n’était, somme toute, qu’une banale médecine et, n’ayant pas