Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/13

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rien su de Mme  Dumont-Dufour avec laquelle, pourtant, elle a passé l’été dernier à la mer. Août, il est vrai, n’est pas le mois des confidences et il a fallu ce jour d’automne, dans un salon d’Auteuil tout gris et sans souvenir de robe blanche, pour que ces dames selon les propres termes de Mme  Dumont-Dufour, se découvrissent sœurs de misère.

Or, parce que Mme  Blok a l’imprudence d’avouer qu’elle s’ennuie quasi uniformément du 1er janvier à la Saint-Sylvestre, sans autre distraction que le concert Colonne, une fois par semaine en matinée le samedi après-midi, Mme  Dumont-Dufour accumule des promesses de potins qui font monter des larmes aux yeux de sa sœur de misère, comme le fumet d’un bon plat, l’eau, à la bouche du gourmand.

Habile à juger d’un coup d’œil son public, après avoir découvert cet appétit elle a décidé d’attendre pour servir son régal. D’abord, quelques vérités premières en hors-d’œuvre. Mme  Blok commence à se mordre les lèvres tandis que Mme  Dumont-Dufour s’élève au-dessus des gens, des faits et des choses.

Rien ne saurait s’opposer à son ascension.

Le mot pitié tombe au milieu d’une phrase. Et c’est une petite dissertation.

La pitié par-ci, la pitié par-là, oui la pitié chère amie, la pitié… et Mme  Dumont-Dufour d’affirmer que pas une minute elle n’en a oublié la pratique. Au reste