Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/181

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petit trapu qui est près de Steinway avec Lucas. Dites, Arthur cher, Totor et Armand l’Eventré pourraient bien nous faire un petit numéro. Leur valse, formidable. Je les ferai engager par le directeur des ballets. C’est mieux que Nijinsky. Moins littéraire, surtout.

Et dire que ce satané Lucas, qui ne peut jamais être du même avis que personne, raconte tout ce qui lui passe par la tête, pour nous dégoûter de nos amis du Lapin vengeur. Mais serait-il donc revenu à de plus équitables sentiments, qu’il ne quitte pas l’aminche de Totor. » Et, à travers le studio, d’interpeller le dénommé Lucas, qu’elle avait jusqu’à ce jour haï, car, jamais, il n’avait encore eu l’obéissance de changer de snobisme avec les saisons, ni de partager, selon le goût du jour, l’enthousiasme de ses contemporains pour les fumeries d’opium, les oxford trousers juponnés trop larges, les bals-musettes, prétendument mal famés.

« Eh ! Lucas, n’accaparez point Armand l’Eventré. D’ailleurs, vous n’y avez point droit, puisque vous faites profession d’aimer les femmes. Dear Arthur, remontez votre piano mécanique et en avant. »

Les invités de Bruggle ont fait le cercle. Un accord cinglant. Armand et Totor ont commencé leur danse.

M. Arthur juge tout commentaire superflu. Il fait un « chut » et plus aucun bruit ne voile les décharges du piano mécanique. Saouls de succès, Totor et Armand l’Eventré, collés l’un à l’autre, tournent, tournent.