Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/183

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Arthur et Totor, le jeune étranger, l’apache de Paris, comme la dentelle de Valenciennes, les bêtises de Cambrai, les madeleines de Commercy. Au Lapin vengeur, bal des chiffonniers pédérastes. Il ricane. Cette Roumano-Scandinave qui roulerait le diable, est parfois d’une de ces naïvetés ! Totor, et, comme elle dit, son aminche, Armand l’Éventré dansent, putains à ressort, poupées de chair fraîche que les invités de Bruggle aimeraient à croire dangereux. Arthur regarde Totor.

Pierre enrage de voir Arthur contempler Totor avec l’admiration qu’il voue aux quatrocentistes, à la musique de Bach, et à la métaphysique confortable. Le monde pour Arthur, ne serait-il qu’un jeu esthétique ? En tout cas, il n’a jamais été aussi attentif aux gestes de Pierre qu’à ceux de ce voyou. Mais au moment même où la jalousie serre sa gorge, Pierre se force à sourire, car pense-t-il, étant donné qu’à un être il sacrifierait le reste du monde, pardonnerait les plus grands crimes, il serait fou de lui en vouloir, de s’irriter, de souffrir d’un regard. Pour être fort, il se donne des raisons : Arthur fait de l’œil à Totor, qu’il prenne donc ce Totor et s’en serve comme il lui plaira. Tout geste, toute pensée consacrée à cette poupée poisse ne présentent en vérité, rien de plus grave que le fait pour un enfant de mettre son pantin à côté de soi sur son oreiller, Arthur, Totor, les noms du musicien transatlantique et