Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/184

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du jeune truqueur sont des talismans contre la colère. Ils rappellent à Pierre les bonshommes en bouts d’allumettes qui peuplaient les illustrés du jeudi, au temps des ballons rouges. Ce piano mécanique, ces valseurs et ceux que la Roumano-Scandinave a réunis autour de leur danse, tout cela, considéré par M. Arthur avec tant de sérieux, de passion presque, a-t-il en vérité, d’autre intérêt que d’une naïveté puérile.

De cette naïveté Pierre s’attendrit et d’autant mieux que Bruggle souvent, en matière de reproche quasi paternel, déclare à Pierre : « Tu es si infantile. »

Et certes. Pierre maladroit avec les objets et les faits, trop orgueilleusement candide pour vouloir tirer parti des êtres, parfois, n’est guère loin de croire que ses craintes particulières et même l’angoisse générale que volontiers il qualifierait de métaphysique, ne valent humainement ni plus ni moins que la peur de se perdre au Bois de Boulogne ou au Luxembourg quand il avait trois ans.

Pour M. Arthur qui voit, entend et respire comme il sied qu’on voie, entende et respire, et de ce fait, n’a jamais mis en doute le témoignage des trop fidèles serviteurs : ses sens, les spectacles, les sons et l’air s’affirment chacun, comme une vérité particulière, dont il ne saurait douter et que, en toute honnêteté, avec une intuition parfaite, il essaie d’utiliser pour son plus grand confort. Ainsi grâce à ce qu’il