Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/187

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de l’esprit ce transatlantique en qui pourtant, sous la cuirasse de logique facile et d’esthétisme, il faut bien reconnaître les plus attachantes contradictions, croit répondre par des arguments péremptoires s’il décrit l’existence des amibes et la marche des astres, et il ne voudra point entendre Pierre qui déclare qu’en vérité, la seule peur de l’inconnu lui fait servir toutes chaudes les théories scientifiques, pour reculer dans le passé un mystère que les Anciens par exemple croyaient éclaircir, en disant que la terre était sur un éléphant, l’éléphant sur un chameau, le chameau sur une tortue… et ainsi de suite.

… Non sens, déclare M. Arthur qui pour un peu se mettrait en colère. Pierre qui l’a écouté avec l’attendrissement d’une mère, lorsque l’enfant récite sa fable ou son histoire sainte, Pierre qui ne lui en veut plus de le juger « si infantile » sourit à M. Arthur qui voit dans cet élan, une soumission, des torts ou une insuffisance reconnus. Ainsi tandis que Bruggle, plus que jamais estime Pierre « si infantile », Pierre de son côté, pense qu’il doit être indulgent pour Bruggle qui est sans doute un grand musicien, mais a conservé sa candeur, l’émouvante puérilité des nègres. Le malheur est que Pierre a beau se répéter que Bruggle en tout gardera l’innocence du nouveau-né, il ne peut s’empêcher de souffrir des actes ou des paroles par quoi s’exprime cette innocence dont le visage parfois