Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/195

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désirer par un petit chiffonnier. Même si Pierre s’empêche d’être jaloux, il ne pourra point estimer une occasion bien rare, ce douteux adolescent déniché dans un bal-musette de cinquantième ordre : « Y a mieux, c’est plus cher » comme disait ce joueur d’accordéon pour qui Arthur s’est arrangé à le perdre, à la foire. Ce soir-là, il a réussi à faire partir le marin. Aujourd’hui il sera sage. Au voyou du Lapin vengeur, il abandonne M. Arthur. Bruggle a choisi sa nouvelle passion. Tant pis pour lui : Y a mieux, mais c’est plus cher. Qu’il ne se plaigne jamais. Il a « son liberté ». Et « son liberté », c’est une danse avec Totor. Son liberté s’appelle Totor. Celle de Pierre n’aura qu’un nom. Le plus beau des noms. Y a pas mieux, y a pas plus cher. Il n’ose la nommer quoique déjà il ait commencé à perdre la vie. Encore un verre, un verre d’oubli et que l’autre se fasse mordre la poitrine, le cou, le dos, les jambes, le ventre, tout ce qu’il lui plaira. Pierre s’en fout. Pierre est libre. Sa liberté, à lui, sa liberté s’appelle la mort. La mort, c’est le mieux, y a pas mieux. Tout à l’heure, bientôt, il partira seul, la Seine n’est pas loin de chez Arthur et d’un pont…

…Alors, mon cher, on boude… » C’est la Roumano-Scandinave qui est venue le prendre à partie. Elle ne peut donc pas le laisser en paix. Tout de même elle va être joliment déçue, car jamais elle ne sera capable