Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/196

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de le faire rager. Déjà il cherche des mots pour une réponse qui la surprenne.

« Mais non, je ne boude pas, mais non, je me mets simplement au niveau. En arrivant j’étais triste. J’ai réussi un miracle, puisque maintenant je suis gai. Gai, très gai… »

Il entend sa voix. Les paroles qu’il voulait martiales sont fausses, fragiles à casser. La Roumano-Scandinave le regarde droit dans les yeux. Ce n’est pas elle qui a peur. Décisive, elle affirme : « Arthur est inouï mon cher. Mon cher, il a raison de se prétendre un petit sauvage. Quel fauve magnifique. On m’a dit qu’il m’appelait « son dompteuse », mais ni vous ni moi, ne dompterons cette panthère. Tenez, regardez-le qui reprend sa danse avec Totor. N’est-ce point splendide, mon cher ? »

Arthur reprend sa danse avec Totor. Pierre avait donc raison qui se demandait comment on pourrait parvenir à les séparer. Sans doute on a dû y renoncer. Arthur et Totor sont condamnés à demeurer toute la vie collés l’un à l’autre. Pourquoi pas ? Il y a quelqu’un en tout cas qui s’en bat l’œil. C’est Pierre Dumont. Le couple une fois l’effleure. Pierre sourit. Non, il ne sourit pas, il accroche un sourire entre ses deux joues. Diane ainsi épinglait de faux bonheurs. Diane. C’est par sa faute à lui, Pierre, que le visage de la jeune fille essayait de mimer une joie qu’il lui rendait impos-