Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dont on peut user si longtemps avant de connaître toutes ses ressources méchantes. Que le sommeil, ce soir, pétrifie Bruggle, demain il s’éveillera pour de nouveaux ravages. Cette nuit, par sa faute Diane pleure et Mme Dumont-Dufour s’empoisonne de rage. Nulle part sur la terre n’est la vivante paix. Il faudrait, avant de s’endormir, sortir son cœur de sa poitrine, comme le portefeuille du veston. Mais parce qu’on ne peut pas, ce sont des simulacres. Danse Djamilina, souffre, toi, l’homme en bonne santé, qui donnais des conseils tout à l’heure. Djamilina, une gosse, à quatre heures du matin, elle regrette de ne pas savoir mettre l’orthographe. « Apprends-moi la grammaire », demande-t-elle, une main très occupée sur la cuisse trop chaude de Lucas, Pierre regarde son poignet aller et venir, ses ongles s’enfoncent dans l’étoffe, elle fait mal, on la repousse, elle tombe, elle crie, elle pleure, on la mène au lavabo, où on essaie de la calmer.

Pierre seul à la table, boit au goulot ce qui reste de la bouteille de champagne. Il n’attend pas que le couple sorte réconcilié : « Garçon, mon vestiaire ! » Il se penche à gauche pour demander : « Tu viens, Arthur ? » On ne répond pas. Pierre se rappelle… Arthur, les petits chiffonniers… Allons donc. De la force. Arthur, sa liberté s’appelle Totor cette nuit. Pierre. La liberté de Pierre ? La porte se laisse ouvrir. Vive le trottoir.

Il y a une pharmacie qui ne ferme pas de la nuit.