Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/57

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Vous entendez, Pierre demande à sa mère si elle a pris de la coco. Un fils qui ose concevoir que sa mère soit ou ait été cocaïnomane. Voilà bien le moment de répéter : Pierre tu as perdu tout sens du respect.

L’insolent a réponse à tout :

— Le sens du respect, comment l’aurais-je pu garder avec vous qui passez votre temps à vous moquer d’un pauvre homme qui n’a pas eu de chance ?

— Un pauvre homme qui n’a pas eu de chance ! C’est de ton père que tu veux parler ? Tu es poli pour sa femme, ta mère. Et voilà qui est d’une jolie morale : un monsieur s’alcoolise, court le guilledou, tant et si bien qu’il en perd la raison, et son fils, au lieu de réfléchir et de s’inspirer d’un si triste exemple, pour choisir une vie sage et saine, son fils, parvenu à l’âge de juger, au lieu de plaindre sa mère se rit d’elle. D’un individu que ses débordements ont mené au cabanon, il constate : « Il n’a pas eu de chance. »

Aussi vrai qu’il y a sur la cheminée du salon d’Auteuil un bronze de Barbedienne, trône dans le ciel un Dieu vengeance au nom de qui Mme Dumont-Dufour peut prédire, dès aujourd’hui, que les drogues et des amis tels que Bruggle ne sauraient tarder à valoir à ce malheureux enfant ce qu’ont déjà valu des débordements pourtant moins déréglés à certain colonel de sa connaissance. Tel père, tel fils…

Et après le ton réquisitoire, la fille du président Du-