Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/74

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Et puis, Diane qui le connaît, il ne veut point s’avouer « l’aime » au point de saisir les moindres mouvements de son cœur et de son esprit, ne manque jamais de s’affecter de tout ce qui dans son cœur ou son esprit n’est point en sa faveur. Pierre se rappelle un visage triste qui bien souvent l’a contraint à se détester et à détester aussi des tentations jusqu’alors pardonnées, et qui ne conservaient aucune excuse, dès que le malheur ne les légitimait plus en rien.

Il préfère toute souffrance à la honte des jours où Diane, après des heures passées à l’apaiser de son mieux, a senti qu’on n’avait plus besoin d’elle et l’a senti si douloureusement que lui-même, plus que d’un crime avait le remords de sa propre indifférence.

Diane s’était levée et quoique son désir fût de rester elle avait esquissé déjà les gestes du départ. Lui, était bien forcé de la retenir, de la supplier de ne point s’en aller. Il lui demandait de poser sa main sur son front chaud de fin d’après-midi et elle obéissait avec un bonheur qu’elle ne songeait même pas à voiler. Ses doigts retrouvaient leur place autour d’une tête d’où leur fraîcheur sensible avait fait sortir les minuscules poupées du malheur, habiles à piétiner les cerveaux. Mais, Pierre qui n’avait plus besoin de contact guérisseur et s’exaspérait de n’y point trouver un plaisir en soi et tel qu’il le voulût prolonger, Pierre pensait à ces dessins dans le journal, à la page des réclames,