Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/15

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pour moi quelque charme. Comme j’avais de l’ardeur pour l’étude, comme j’étais heureux, quand j’étais avec vous, comme nous avons passé d’heureuses soirées, d’heureux moments, et nos petites promenades, comme elles étaient douces, encore je me reproche qu’elles aient été si peu fréquentes, et que j’aie toujours montré si peu d’empressement pour aller faire avec vous de petits tours de promenade, quand je me rappelle Liart, Guyomard, Le Gall, et tant d’autres, quand je pense à un collège où j’ai été si heureux, à cette ville où j’ai goûté tant de bonheur, je m’écrie de tout mon cœur : Ah ! j’étais heureux à Tréguier !

Le souvenir de tout cela me fait plaisir, mon excellente mère, quoiqu’il me remplisse de tristesse. Car, ma chère maman, il me vient quelquefois une pensée déchirante, c’est que ce bonheur ne reviendra plus pour nous. Enfin, soumettons-nous à la volonté de Dieu qui a voulu nous séparer et qui nous réunira aussi quand il lui plaira.