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CHAPITRE XXX.


LES MŒURS CHRÉTIENNES


Les mœurs des chrétiens étaient la meilleure prédication du christianisme. Un mot les résumait : la piété. C’était la vie de bonnes petites gens, sans préjugés mondains, mais d’une parfaite honnêteté. L’attente messianique s’affaiblissant tous les jours, on passait de la morale un peu tendue qui convenait à un état de crise[1] à la morale stable d’un monde assis. Le mariage revêtait un haut caractère religieux. On n’eut pas besoin d’abolir la polygamie : les mœurs juives, sinon la loi juive, l’avaient à peu près supprimée en fait[2]. Le harem ne fut, à vrai dire, chez les anciens juifs, qu’un abus exceptionnel,

  1. Voir Saint Paul, ch. ix.
  2. Voir Saint Paul, p. 245. Même les anciennes mœurs juives supposent la monogamie (Gen., ii, 24 ; Eccl., ix, 9 ; le portrait de la femme forte, etc.). La Thora, tout en permettant la polygamie, y met beaucoup d’obstacles.