Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/149

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hommes. C’est ce qu’on verra quand notre grand maître, M. Victor Hugo, donnera son Torquemada, et montrera comment on peut devenir brûleur d’hommes par sensibilité, par charité[1].

VI

Quoique l’éducation religieuse et prématurément sacerdotale qui m’était donnée ait empêché pour moi les liaisons de jeunesse avec des personnes d’un autre sexe, j’avais des petites amies d’enfance dont une surtout m’a laissé un profond souvenir. Très tôt, le goût des jeunes filles fut vif en moi. Je les préférais de beaucoup aux petits garçons. Ceux-ci ne m’aimaient pas ; mon air délicat les agaçait. Nous ne pouvions jouer ensemble ; ils m’appelaient mademoiselle ; il n’y avait taquinerie

  1. J’écrivais ceci en 1876. La belle œuvre de M. Victor Hugo a paru depuis.