Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/326

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éclectisme superficiel me satisfit peu. M. Le Hir était bien plus près du vrai en ne cherchant pas à atténuer la chose racontée, et en étudiant attentivement, à la façon d’Ewald, le récit lui-même. Comme grammairien comparatif, M. Quatremère était aussi très inférieur à M. Le Hir ; mais son érudition orientale était colossale. Le monde scientifique s’ouvrait devant moi ; je voyais que ce qui en apparence ne devait intéresser que les prêtres pouvait aussi intéresser les laïques. L’idée me vint dès lors plus d’une fois qu’un jour j’enseignerais à cette même table, dans cette petite « Salle des langues », où j’ai en effet réussi à m’asseoir, en y mettant une dose assez forte d’obstination.

Cette obligation de clarifier et de systématiser mes idées, en vue de leçons faites à des condisciples du même âge que moi, décida ma vocation. Mon cadre d’enseignement fut dès lors arrêté ; tout ce que j’ai fait depuis en philologie est sorti de cette modeste conférence que l’indulgence de mes maîtres m’avait confiée. La nécessité de pousser aussi loin que