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LE BROUILLARD DU 26 OCTOBRE

embroussaillé de ronces, d’églantiers, de clématites aux fleurs desséchées comme un peuple d’araignées mortes, le versant dégringolait, perdu dans le brouillard.

Le soleil décliné, qui venait de luire un instant, n’était plus qu’un disque pâle, grimé de vapeurs, si lunaire que Pierrot s’y fût trompé. Les plans éloignés s’évanouissaient petit à petit. Des écharpes, semblables à de monstrueux fils de la Vierge, enroulaient leurs méandres autour des buissons. Et le gros du brouillard s’enflait furtivement à l’assaut de la rampe.

C’est à peine si j’eus le temps de remarquer cinq ou six orifices de carrières qui, de distance en distance, trouaient d’obscurités la tranche à pic du talus : soudain le soleil s’éteignit, comme un ballon japonais à court de chandelle. Une nuit blafarde nous environnait. Des bouquets de noisetiers vinrent à nous, masses diffuses apparues et redisparues. Ces ténèbres livides étaient glaciales, et, le frimas s’alourdissant, la lumière diminuait encore.

À l’inverse de ce que je lui conseillai, mon