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LE BROUILLARD DU 26 OCTOBRE

rielles, immuables. Cependant, la perspective reculait encore dans une palpitation vibratoire analogue à celle qui règne par les grandes chaleurs. Cela nous fit croire à des présences animées. Je voulus que des choses lointaines eussent remué ; et je m’assurai qu’à l’occasion les deux rocs au bord de la mer pouvaient nous servir de refuge. Ce faisant, j’aperçus au large une nageoire dorsale garnie de piquants. Elle venait d’émerger, elle replongea.

L’audition tyrannique de la mer nous absorbait. Son odeur, combinée au parfum résineux, tonifiait notre sang. Nous comprîmes bientôt d’où venait ce relent de gomme et de térébinthe. La palmeraie mêlée d’arbres occidentaux accompagnait de plain-pied la grève rouge ; mais, plus à l’intérieur des terres, le talus existait encore (pardon : il existait déjà), plus imposant, moins proche et planté de pins. Dans un intervalle de la palmeraie, il nous présentait sa paroi d’argile marneuse, où bâillait une entrée de caverne.

Comme on le pense bien, les végétaux m’intriguaient plus que tout le reste. Il y en