Page:Renard - Outremort et autres histoires singulières, Louis-Michaud, 1913.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
LA GLOIRE DU COMACCHIO

— « Qui t’amène ? » interrogea Cesare, le verbe rude.

— « La politesse, la politesse, magnifique Messer ! » Il crachotait, ricanait, faisait l’empressé. « Oui. Hé ! hum, hum, hum… Je venais vous rappeler (les grands artistes sont si étourdis !) vous rappeler que demain soir vous devez me compter neuf cents ducats, solde de votre petit emprunt de l’an 1576, dont je ne fus remboursé que d’un quartier ; plus, hé, hé, hé, les deux cent cinquante ducats de l’an passé ; le tout faisant ensemble, avec les intérêts au denier douze, hum ! hum !… quatorze cent soixante ducats, n’est-ce pas vrai ?… »

Son regard n’avait pas quitté la statue. Il se frottait les mains perpétuellement et ne cessait d’exécuter inclination sur inclination. Le miel est moins doux que n’était sa parole.

— « Les aurez-vous, Messer, ces quatorze cent soixante ducatinets ? Hé ! hé ! je lis sur votre honorable figure que vous les tenez déjà ! »

Cesare le faisait reculer devant sa truculence :