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LA GLOIRE DU COMACCHIO

— « Songe, Tubal, à tous ceux qui ont péri singulièrement depuis lors ! Que de puissants anéantis ! Le cardinal Gian Francesco Toria, gonfalonier de la Sainte Église romaine ; Gismondo Poleoni, le condottiere ; et tant, et tant !… »

— « Oh ! » protesta Tubal, « cette année, je ne trouve pas qu’on soit mort avec beaucoup de zèle… »

— « En effet. Cependant, le podestat Borso Strozzi vient d’être emporté bien subitement pour un gaillard dans la fleur de l’âge et dont les héritiers sont à bout de ressources. Et voilà plusieurs semaines que Leonora d’Urbino, — trop belle, je suppose, ou trop farouche, — languit d’un mal mystérieux, et succombe un peu plus chaque jour. »

— « Quoi ! une femme ? » se récria Tubal. « Vous soupçonnez quelqu’un d’immoler une pauvre petite femme ?… »

Le Juif étudiait avec curiosité la physionomie de Cesare. Un agacement s’y révéla.

— « Eh ! mon Dieu ! le sexe ne fait rien à l’affaire ! Une vengeance est une vengeance. Ce que je dis, c’est qu’il est bas d’opérer dans